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#Non fait maison, le gouvernement reste inflexible. Scénario d’une catastrophe annoncée !

14 Mars 2024 - 2725 vue(s)

Dans le dernier édito de France Snacking, paru il y a quelques jours, nous titrions « Allo le 18, il y a le fait à la maison ». Un clin d’œil quelque peu alarmiste par rapport à ce qui se préparait dans les arrière-cuisines gouvernementales sur le sujet. Et ça sentait déjà sacrément le brûlé. Comme une odeur de danger imminent. Eh bien, la réalité est en train de dépasser la fiction, et le feu est clairement en train de prendre dans la maison « restauration ». L’étincelle est venue du projet de loi parlementaire, imaginé on ne sait comment et avec qui (puisqu’aucune branche professionnelle n’a été consultée dans la construction de ce texte), par le député Guillaume Kasparian, et qui doit être porté, le 20 mars prochain devant la commission des affaires économiques, par le député Christopher Weissberg, nommé rapporteur. Pour ceux qui n’auraient pas suivi, il vise, ni plus ni moins, à rendre obligatoire la mention fait maison pour mieux valoriser le travail des restaurateurs et mettre en avant ceux qui transforment des produits bruts. Mais, là où le bât blesse sérieusement, c’est qu’il prévoit aussi de rendre obligatoire la mention non fait maison pour tous les produits qui ne le seraient pas. Et ce, pas seulement pour la restauration traditionnelle, mais pour toutes les restaurations : rapide, commerciale, collective tout comme les métiers de bouche, les boulangers, charcutiers jusqu’à la grande distribution.

Une hérésie, un non-sens mais surtout un texte écrit au mépris des contraintes des secteurs, réagissait Paul Boivin, délégué général de la Fédération des Entreprises de boulangerie-pâtisserie dans nos colonnes. Et Dominque Anract, président de la Confédération de la boulangerie-pâtisserie française de préciser aussi, sur notre site, " Afficher 'non fait maison', sur un sandwich, parce que l'on n’aurait pas cuit le jambon sur place ou fabriqué la terrine, semble inconcevable et s’assimile plus à une sanction qu’à bien informer le consommateur". Pourtant, quelques lueurs d’espoir semblaient possibles, avec un rapporteur (lui-même restaurateur), qui avait bien pris le soin, depuis deux semaines, de rencontrer les représentants de toutes les parties prenantes. Plus d’une vingtaine d’acteurs, FEB, Snarr, Umih, GHR, CNBPF, FEEF, Fedalis compris. Un travail d’écoute, de prise en compte des contraintes de chaque branche, pour transmettre au gouvernement, avant le passage en commission, tous les éléments de nature à faire bouger les contours du décret gouvernemental. Et surtout, de bien indiquer, que personne ne voulait, en l'état, d’une loi aux relents si négatifs. Mais voilà, c’est une fin de non-recevoir qui a été infligée brutalement aujourd’hui par le gouvernement à toutes les professions concernées, qui reste arcbouté sur le PPL d’origine. Texte qui devrait donc être présenté, en l’état, à la commission, la semaine prochaine. Et, s’il est voté ensuite lors de sa présentation à l’Assemblée (sans doute après l’été), il pourrait entrer en vigueur dans les prochains mois. Si cela n’est pas une déclaration de guerre à des professions déjà soumises à pression depuis deux ans, ça y ressemble clairement. Alors, après la colère des agriculteurs, nos gouvernants risquent de trouver face à eux un front uni très remonté, aux ramifications multiples dans les territoires. Avec un tel risque d'embrasement à la hauteur des enjeux, l’incendie pourrait vite devenir incontrôlable. Et à quelques mois des Jeux Olympiques et Paralympiques, chauffer à blanc une profession qui n’avait certainement pas besoin de ça, ce serait un pari très très risqué.

Paul Fedèle Rédacteur en chef France Snacking Retrouvez Paul Fedèle sur Linkedin
Commentaires (2)
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Par Mateo le 15/03/2024 à 11:27
C’est au contraire une très bonne chose ! Terminé les desserts surgelés ou bien achetés chez Métro ou ailleurs sur lesquels la dépose d’une crème chantilly (industrielle) permet d’écrire " fait maison " et de le vendre à vil prix. Cela va obliger tous les métiers de bouche à faire une montée en gamme de leurs produits. Le consommateur sera le grand gagnant en bénéficiant d’une offre plus qualitative et accessoirement, il pourra les comparer sur la base d’une information fiable et intransigeante.
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Par Nico Nouche le 15/03/2024 à 14:12
Bravo Paul, nous sommes totalement alignés. C'est à la lecture de ton article notamment que je t'ai suivi sur cet article linkedin : https://www.linkedin.com/pulse/le-fait-maison-vraiment-une-fausse-bonne-id%2525C3%2525A9e-nicolas-nouchi-tcp6e/?trackingId=4gR9Z5HnSZqQV%2F6xX%2Bqh%2Fg%3D%3D
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